Notre geste d’architecture, s’il a l’ambition de contribuer à la construction de lieux de vie, voire d’accompagner des projets de vie, trouve son équilibre en conciliant les impératifs matériels du bâtir avec les désirs du commanditaire, tout en composant, sinon en jouant, avec la symptomatique surenchère des obligations réglementaires (normatives ?) et les nécessités de s’adapter à la conjoncture économique (construire à moindre coût), sans que cela ne devienne un frein à l’appropriation du singulier convoité. L’exigence qui préside étant d’apporter un mieux, pour le bien être de tous, quelque soit l’ampleur du projet, en procurant une expérience à vivre (quand bien-même seulement focalisée sur son sens pratique), une émotion (par la jouissance du lieu), en phase avec la diversité des aspirations du mode de vie de chacun. L’usager – et la contingence des usages – plus que la forme, restant au centre du projet.

Aussi faut-il se résoudre à admettre que l’usage initialement programmé du bâti puisse se transformer en un nécessaire éclectisme, mutations protéiformes, détournements hybrides, l’espace alors théorisé en projet ne pouvant évoluer par l’appropriation de ses usagers que s’il a été conçu pour pouvoir être effectivement adopté, habité.

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C’est pourquoi nous montrons une inclination modérée pour les imageries hyperréalistes mais loin de la réalité, pour les représentations imagés de bâtiments aux couleurs diffuses, emballés d’arbres transparents, de gazon trop vert et parterres trop fleuris sinon d’enfants trop souriants, signifiant peut-être là notre désir que le bâtiment livré devienne plus captivant que l’image donnée en étude telle signature numérique disciplinée, édulcorée et trompeuse qui en se contenant au modelage formel n’intègre guère les éléments contextuels inhérents au projet (situation sociale, historique, locale, culturelle, économique, naturelle, empirique, écosystème...).

Si chaque projet est unique et à chaque fois l’occasion d’une nouvelle recherche, nous restons particulièrement sensibles à la démesure de la production de déchets (quantité, nocivité) de notre monde contemporain et sommes déterminés par la nécessité d’agir pour leur réduction, d’envisager en amont le recyclage des matériaux comme le réemploi des équipements et appareillages divers.
La nécessité de penser des systèmes constructifs sobres (éviter la surenchère des équipements, simplicité des lignes et des matériaux) et d’anticiper les choix écoresponsables pour des bâtiments énergétiquement efficaces s’impose avec évidence, mais sans doute pas au prix d’une subordination techniciste de plus, satisfaisant quelque critère financier inéluctable, sinon consumériste, conditionné par le marché.

L’écologie n’est pas qu’une norme autoritaire de plus, elle est l’affaire de tous et plus particulièrement de notre responsabilité de bâtisseur un engagement raisonné du quotidien. Le geste d’architecture, en symbiose avec ces objectifs, est alors à même de soutenir les exigences du projet tout en affirmant son rôle pédagogique sur le plan du développement durable capable d’engendrer de nouveaux usages.

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nota : Depuis que le concept de développement durable s’est officiellement imposé, il n’a jamais été pratiqué autant de démolitions volontaires (résidence désuète au regard du besoin de confort standardisé, grand ensemble à l’entretien devenu ingérable, quête exponentielle de rentabilité foncière...), produisant des déchets dont la destruction est coûteuse, ce qui pour le coup n’est pas une exemplarité de durabilité...

Aussi, réinvestir des bâtiments existants (inadaptés à l’évolution de nos usages contemporains) par leur rénovation, réhabilitation, restructuration ou agrandissement, en lieu et place d’une construction neuve, est pour PRO/CHE ARCHITECTURES un atout sur le plan du développement durable, à même d’éveiller un dialogue patrimoniale direct et explicite, voire de limiter l’altération des environnements existants et en conserver leur équilibre. Au plan technique, cette métamorphose permet d’assainir thermiquement des bâtiments souvent énergivores ou encore d’optimiser l’isolation acoustique.
C’est surtout l’occasion, en adéquation avec les maîtres d’ouvrages, de défier nos dépendances aux modèles d’habiter et tenter d’esquiver l’emprise des conformismes – qui favorisent l’uniformité, l’aseptisation et l’assujettissement – aspirant à redessiner les contours d’un projet unique, inédit, évolutif.

Plus particulièrement dans le domaine du logement – essence même de l’architecture s’il en est (faire habiter, abriter, accompagner des existences), rêve de tous et défi majeur du projet de construire – nous nous employons à contribuer à l’amélioration des aménagements pour l’accès au logement des plus défavorisés, l’ambition qui nous porte cherchant à éviter les écueils d’une standardisation austère et par trop dévalorisante pour les usagers.
L’optimisation des conditions de vie, pour tous, dans le respect fondamental de l’environnement, impose par là même de repenser le vivre ensemble sur le plan des interactions, des relations, du partage, de la mixité, la garantie du bien-être pour les occupants dépassant bien sûr la seule question de l’économie d’énergie.